Les petits pains de la pleine lune est un roman fantastique écrit en 2009 par l’auteure coréenne Gu Byeong-Mo. Le narrateur, qui s’exprime à la première personne, est un personnage attendrissant, un lycéen qui bégaie affreusement et qui souffre des tensions familiales que crée sa belle-mère tyrannique, digne des contes de fée les plus atroces. Afin de fuir un conflit terrible dans sa famille, le jeune protagoniste se réfugie dans une pâtisserie merveilleuse, la Wizard Bakery, dans laquelle un pâtissier sorcier fabrique des mets aussi délicieux que magiques.
Un univers simple, gourmand et merveilleux
Les petits pains de la pleine lune est un livre gourmand qui dépeint un univers merveilleux dans lequel embaument les parfums appétissants des pâtisseries asiatiques et de la poudre magique. Le lecteur plonge facilement dans ce monde mystérieux qui offre des possibilités infinies en associant la gourmandise à une magie savoureuse et inquiétante proche du vaudou. Le sorcier pâtissier devient un chamane du délice et propose au menu des madeleines du cœur brisé à l’ananas, des petits flans porte-bonheur, des sablés du refus poli au chocolat… Cependant, le roman n’est pas un livre de recettes mais développe bel et bien une histoire assez effroyable, racontée avec beaucoup de simplicité. En effet, le style d’écriture des Petits pains de la pleine lune est agréable, fluide, sans fioritures et le narrateur, dont nous suivons toutes les pensées, est de cette franchise rafraîchissante caractéristique des adolescents : cela permet au texte d’être à la fois sombre et drôle, cynique et touchant, surprenant et réconfortant.
Douceur du fantastique et amertume de la réalité glauque
De ce fait, s’il est vrai que les thèmes abordés dans le roman sont clairement tristes voire sordides, ce séjour dans une pâtisserie qui embaume les gâteaux asiatiques et la poudre magique permet d’atténuer la nauséabonde réalité du monde. Voilà la principale force de cette œuvre sans prétention : le glauque et la douceur se confondent naturellement. Les petits pains de la pleine lune n’est pas un petit roman fantastique niais puisqu’il évoque des événements tragiques et malsains sans tenter d’atténuer quoi que ce soit. Il n’y a pas d’euphémisme dans ce livre. Chaque élément, qu’il soit doux ou violent, nous est délivré tel quel et c’est pour cela que ce roman est une expérience en soi.
Recettes magiques et tentations vicieuses
Enfin, malgré le caractère fantastique de l’histoire, Les petits pains de la pleine lune nous exhorte de la manière la plus subtile possible à réfléchir sur l’homme et ses vices ainsi que sur l’aspect intemporel de ces derniers, grâce aux paroles sincères et malignes d’un jeune narrateur vivement inspiré par les contes de fées européens. Il n’y a ni jugement péremptoire, ni philosophie arrêtée dans cette œuvre qui laisse son lecteur penser entièrement par lui-même et trouver la morale de son propre chef. Si l’on ouvre ce livre pour y trouver un univers de friandises et de magie qui fait rêver, on y décèle bien plus que cela. La philosophie se mêle délicieusement à la gourmandise et à la sorcellerie. De nombreuses questions se sont posées au fil de ma lecture et il n’était pas rare que je me demande quel genre d’être humain je serais dans ce monde si particulier : qu’aurais-je acheté comme gâteau magique ? Aurais-je voulu connaître mon avenir ? Aurais-je fait du mal à quelqu’un en lui offrant une pâtisserie enchantée ? Tandis que je me représentais les arômes d’un mystérieux Yuebing, le roman m’entraînait vers mes propres mystères…
Si vous êtes naturellement sensible aux charmes de l’Asie et au cinéma asiatique, vous devriez apprécier cette œuvre. Les gourmands et les amateurs de fantastique, de sorcellerie et de vaudou, vous trouverez votre bonheur dans ce petit bijou. Enfin, si vous aimez réfléchir sur vous-mêmes et sur l’humanité à partir de fictions proposant des univers inédits, aussi sombres que féeriques et poétiques, vous serez comblés par ce roman.
Si vous avez moins de quatorze ans, je vous déconseille le livre à cause des thèmes violents et malsains qui sont évoqués (enfants battus, viol, pédophilie…). Ensuite, si vous êtes un lecteur avide de belles phrases et de raffinement, vous serez déçu par le style d’écriture, qui peut sembler trop dépouillé et familier. Si vous préférez les univers purement réalistes, vous ne pourrez sans doute pas être véritablement séduits par ce livre fantastique qui propose une fin alternative.
Vous prendrez bien un gourmand thé blanc bio « Pêche & abricot » que l’on peut trouver chez Nature et découverte, accompagné d’un petit gâteau de la lune ou, plus léger, d’un gâteau mousseux au pandan.
Titre et auteur | Les petits pains de la pleine lune, Gu Byeong-Mo |
Thèmes abordés | Cuisine, sorcellerie, magie, violence, famille |
Édition | Picquier Edition |
Format et pages | 220 pages, petit format, facile à lire dans les transports |
Âge | A partir de 14 ans |
Prix | 7,50 € |
Avertissement | Viol, pédophilie, maltraitances |
Où l’acheter | Chez votre libraire préféré (voir s’il est disponible). |
![]() |
2 échanges Livre rangé le 19 octobre 2016 dans les bibliothèques : Corée, Cuisine, De 5 à 10 euros, Dès 14 ans, Enfance, Famille, Gu Byeong-Mo, Magie, Petits formats, Picquier, Violence |
Ce site est hébergé par Archphénix et a été créé sous wordpress par le libriosaure. Le design a été conçu avec les polices d'écriture Library et Cocinitas de Wood Cutter ainsi que Social Circle de Christopher Jackson. Tous les articles présents sur ce site ont été écrits par le libriosaure et ne peuvent être utilisés, entièrement ou partiellement, sans autorisation de l'auteur.
2 échanges
je pars au japon, en avril. je pense que ce livre devrait me plaire et me donner un petit avant gout rien que pour la patisserie. jaime beaucoup l’univers asiatique !
3 novembre 2016 - 21 h 39 min
Oui, je vois ce que tu veux dire 😉
12 novembre 2016 - 19 h 09 min
Votre parole est importante, merci de la partager avec nous