Les pavots rouges est un roman publié en 1998 par l’auteur tibétain Alai. Cette œuvre, qui a été récompensée par le prix de littérature Mao Dung, raconte l’histoire d’un jeune garçon appartenant à la famille d’un tusi, un chef de clan tibétain. Le petit, considéré par tous et par lui-même comme un idiot, explique à son lecteur dans un langage simple voire cru le quotidien de sa famille, bouleversée par une décision politique et économique importante : l’importation et l’implantation de pavots afin d’obtenir de l’opium.
Paysage unique du Tibet
Ouvrir Les pavots d’Alai, c’est embarquer pour un voyage unique vers la préfecture de Ngawa, au Tibet, dans la première moitié du XXe siècle. Vous galoperez avec les personnages dans les décors montagneux du Sichuan, en vous plongeant parfois au cœur des vallées baignées de lumière et de terre humide qui seront le théâtre esthétique d’intrigues saisissantes.
« Après la saison des plantations, chaque chose — les hommes, le soleil et la terre — était gagnée par une douce langueur. Même l’eau dans la rivière et l’herbe des montagnes prenaient agréablement leur temps pour couler et verdir. Tout le monde était pressé de savoir ce qui allait sortir des graines laissées par l’émissaire spécial Huang. »
Jeu de clans
Les pavots rouges d’Alai vous mènera droit vers une guerre sans merci : celle des tusi, les chefs de clan, prêts à tout pour maintenir leur pouvoir et renverser leurs rivaux. De véritables manigances — militaires, économiques, sociales — s’organiseront sous vos yeux ébahis, tout cela raconté candidement par un jeune idiot, ce qui rajoute de la saveur au récit. Vous serez plongés dans la violence des querelles politiques qui animent cette province du Tibet. Parfois plus angoissante que Game of Thrones, cette œuvre ne sera pas adaptée aux âmes sensibles car l’issue des rivalités peut être fort sanglante…
« Il entendit un jeune garçon s’écrier dans le noir :
– Chef de clan, demandez à ce qu’on vous éclaire encore une fois, pour que je puisse me rappeler votre visage.
– Crains-tu de tuer un jour un autre à ma place ? Alors, regarde bien.
– Merci, maintenant, je l’ai vu.
Père éclata d’un rire sonore.
– Brave garçon. Faut-il que je t’attende si j’ai envie de mourir avant que tu m’abattes ?
Il n’y eut pas de réponse, car tous trois, mère et fils, s’étaient déjà évanouis dans la nuit. »
Miroir de la culture tibétaine
Reconnu comme tel par la critique, Les pavots rouges d’Alai est un roman-miroir de la culture tibétaine. Cette dernière, très particulière, ne ressemble à aucune autre en Asie et ce livre le prouve bien. Evidemment, vous déambulerez dans un univers précis, celui des tibétains privilégiés par leur statut social, mais vous pourrez apprendre de nombreuses choses sur la mentalité tibétaine, ses coutumes, sa vision du monde. De plus, l’œuvre suit un jeune garçon dans son apprentissage du monde et recouvre donc de nombreuses années, ce qui vous permettra d’assister à l’évolution progressive des mœurs tibétaines… et de notre idiot qui n’est, peut-être, pas si idiot ?
« Eh oui, notre vaste territoire nous donnait l’impression que le temps n’aurait jamais de fin ; et ces vastes étendues, ajoutées à ce temps infini, nous donnaient le sentiment que l’empire des Maichi était inébranlable et éternel. »
Si vous aimez la littérature asiatique, il me semble que ce livre est un incontournable pour enrichir votre culture et ouvrir vos horizons sur la diversité des cultures présentes sur ce continent. Ce livre pourrait également séduire les amateurs de séries télévisées sur le thème de la politique et des complots : les trahisons et les querelles de pouvoir sont le cœur du roman. Enfin, si les œuvres qui traitent de familles, de clans et de dynasties vous passionnent, vous trouverez votre bonheur au fil des pages.
Si vous aimez lire des romans écrits avec une plume raffinée, vous pourriez être déçus : en effet, le narrateur est ici un « idiot » dont le langage est très simple, parfois grossier, même si cela ne retire pas au livre ses instants de poésie. Ensuite, si vous recherchez un livre contemplatif et calme qui dépeindrait les paysages du Tibet, ce n’est pas l’œuvre qu’il vous faut : Les pavots rouges d’Alai est aux antipodes de ce genre…
Pendant cette lecture, vous choisirez un thé noir d’Inde aux notes d’amandes, chaud et réconfortant à souhait, accompagné de petits gâteaux secs aux céréales (au pavot, évidemment).
Titre et auteur | Lles pavots rouges, Alai |
En VO | 尘埃落定 |
Thèmes abordés | guerres, clans, Tibet, opium, culture |
Édition | Philippe Picquier |
Format et pages | 636 pages, petit format, mais un peu lourd dans le sac ! |
Âge | Apprécié à partir de 14 ans (pour les bons lecteurs) |
Prix | 12,20€ |
Avertissement | sexe, mort, violences, mutilations |
Où l’acheter | Chez votre libraire préféré, mais surtout d’occasion. Vérifier sa disponibilité en cliquant ici. |
Pour découvrir davantage la littérature tibétaine, découvrez le recueil de nouvelles Neige de Pema Tseden…
…Ou Funérailles célestes de Xinran, magnifique roman sur une histoire d’amour dont le décor se situe au Tibet.
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3 échanges Livre rangé le 15 septembre 2021 dans les bibliothèques : Amour, De 10 à 15 euros, Dès 14 ans, Famille, Guerre, Histoire, Petits formats, Picquier, Tibet, Traditions |
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3 échanges
Hum, j’ai lu l’avertissement, je pourrais me rabattre sur un autre titre…
20 septembre 2021 - 8 h 56 min
Keisha Ahah, je suis contente de voir que l’avertissement est lu et surtout utile ! 🙂
26 septembre 2021 - 12 h 00 min
Je vais peut-être l’emprunter pour me faire une idée, vu ton avis mitigé(surtout pour l’écriture)
26 février 2022 - 12 h 34 min
Votre parole est importante, merci de la partager avec nous