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Ma mémoire assassine de Kim Young-Ha


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Ma mémoire assassine est une fiction coréenne attendrissante et glaçante écrite par Kim Young-Ha en 2015. Ce roman nous livre le journal intime palpitant d’un vieillard, tueur en série à la retraite, qui vient de découvrir qu’il est atteint de la maladie d’Alzheimer. Kim Byeong-su, le petit vieux, qui n’a pas tué depuis fort longtemps, s’aperçoit qu’un nouveau tueur en série sévit dans la région et que ce criminel s’intéresse particulièrement aux jeunes femmes qui ont le profil de sa fille adoptive, Eun-Hee ; l’assassin doit alors reprendre ses activités morbides avant de perdre complètement la tête pour sauver sa fille.

L’avis du libriosaure

Un journal intime attendrissant et glaçant

Cette fiction prenant la forme d’un journal intime, le lecteur endosse dès le début le rôle malsain d’un confident de tueur en série glacial et impassible : c’est l’une des premières qualités du roman, puisque nous sommes sans cesse tiraillés entre l’indignation et la compassion, la pitié et la colère, la tendresse et le rejet. Certes, les aveux du tueur sont ignobles et confessés sans état d’âme dans une réalité crue qui nous afflige mais, malgré tout, nous avons tendance à nous prendre d’affection pour cet effroyable et frêle petit vieux qui se perd dans la rue ainsi que dans sa mémoire et qui se raccroche, tant bien que mal, à la philosophie et à la poésie pour faire face à une situation qui lui échappe. L’écriture de l’intime qui caractérise Ma mémoire assassine lie étrangement le lecteur au narrateur, qui apprécie l’ambivalence qu’il y a entre ce vieillard malade pathétique et touchant, et l’homme féroce qui n’éprouve aucun regret face au sang qu’il a versé.

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Une enquête palpitante dans les méandres de l’amnésie

Ma mémoire assassine est, avant toute chose, un polar original et terrifiant dont la principale victime est le souvenir, noyé par l’insaisissable coupable qu’est l’amnésie. Ce n’est pas tant les faits que le lecteur et le narrateur cherchent à analyser et à déchiffrer, mais c’est plutôt les souvenirs confus du vieillard que nous cherchons à mettre en lumière pour comprendre, avec lui, quelle crise il est en train de traverser. Tout comme ce narrateur qui nous attire et nous révulse, nous sommes en quête de lucidité : nous parcourons les pages à la recherche de vérité et de violence, la tension ne cessant de monter, développant avec subtilité angoisse et excitation. Le lecteur se trouve face à un narrateur qu’il ne croit pas, un narrateur affaibli dont il se méfie, sans jamais se douter de la fin effroyablement époustouflante qui l’attend. Dans Ma mémoire assassine, la dernière victime est sans nul doute le lecteur.

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L’homme est un loup pour l’homme

Ainsi, la relation perverse qui lie le lecteur et le narrateur a une portée philosophique essentielle ; nous luttons perpétuellement contre ce personnage blâmable que nous plaignons bien des fois. Notre compassion déplacée est-elle le symbole de notre humanité ou de notre évidente culpabilité ? Ce roman pousse à s’interroger sur nos propres instincts et notre propre rapport à la culpabilité. Ce septuagénaire scélérat qui s’emmêle dans ses souvenirs nous incite à nous demander quel monstre dort en nous… et comment il s’éveillera.

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A qui le conseiller

Si vous appréciez déjà les fins atroces des films coréens tels que Old Boy ou Deux sœurs, vous saurez sans nul doute aimer Ma mémoire assassine. Si votre fascination pour les tueurs en série vous a empêché de décrocher de la série Dexter, vous devriez apprécier ce livre court et efficace. Enfin, si vous adorez les polars orignaux, avec des fins aussi glaçantes que surprenantes, n’hésitez pas à vous plonger dans cette œuvre coréenne.

A qui le déconseiller

Si vous n’êtes vraiment à l’aise que dans les univers fantastiques et merveilleux, ce roman terriblement réaliste sera peut-être difficile à apprécier. Attention également au thème principal du roman : si la maladie d’Alzheimer est un sujet un peu trop sensible pour vous, la lecture de cette œuvre sera peut-être douloureuse.

Pendant la lecture

Vous pourrez choisir, pour stimuler votre concentration, un sucré thé vert au fruit du dragon, en grignotant des noix de cajou.

Informations sur le livre

Titre et auteur Ma mémoire assassine, Kim Young-Ha
Thèmes abordés Tueur en série, meurtre, maladie, Alzheimer
Édition Picquier
Format et pages 160 pages, grand format fin, à emporter avec soi
Âge Dès 14 ans
Prix 17 €
Avertissement Meurtre, maladie d’Alzheimer
Où l’acheter Chez votre libraire préféré (voir s’il est disponible).
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