Habeas corpus est un roman de science-fiction écrit en 2015 par l’écrivain et comédien Victor Boissel. Dans cette œuvre saisissante, le lecteur découvre une utopie esthétique dans laquelle la jeunesse et la beauté peuvent être éternelles tandis que le couple périlleux crime et pauvreté n’existe pas. C’est pourtant dans cet univers idyllique qu’un fonctionnaire, Edgaar Finker, découvre la victime d’un meurtre ; une anomalie de taille dans un système perfectionné, qui mènera le personnage à de terribles découvertes… (Ecouter la bande-annonce).
Des créatures de rêve à l’orée du cauchemar
L’utopie d’Habeas Corpus est animée par la plume délicate et étoffée de Victor Boissel qui nous décrit des êtres parfaits aux traits angéliques. Un parfum de fleur vous chatouillera les narines lorsque vous imaginerez les créatures sensuelles et charmantes qui évoluent dans ce monde d’apparence merveilleuse. Mais quelques fleurs, aussi belles soient-elles, ne sont-elles pas empoisonnées ? La principale force de ce roman est qu’il n’y a pas de place pour l’extase béate et toutes ces beautés, comme figées dans le temps et dans l’éthique, se révèlent peu à peu angoissantes ; la perfection devient pénible, sordide, surtout lorsque l’on découvre à quel prix elle s’acquiert. La jeunesse, la beauté, la sensualité ont une influence excessive sur une société entière qui ne conçoit désormais la réussite qu’à travers elles. De cette manière, cette utopie agréable à nos sens devient le miroir déplaisant de notre société actuelle.
Quand la beauté mène à une dystopie complexe et choquante
Habeas Corpus est une œuvre très esthétique qui mêle beauté du langage et beauté du décor mais elle va au-delà : l’intrigue, finement menée, est palpitante. Si l’enquête policière attisera certainement votre curiosité, c’est tout l’univers créé autour d’elle qui saura vous captiver. Il faut cependant savoir que ce n’est pas un livre grossier et qu’il peut parfois plonger son lecteur dans la confusion : les événements se multiplient, semblent parfois sans lien et lorsque vous pensez avoir compris, quelques lignes suffisent pour vous désorienter. Les personnages, quant à eux, sont nombreux et variés, permettant de montrer différents modes de vie dans cette étrange société ; leur profondeur est telle qu’il est parfois difficile de définir qui est le personnage principal. Toutefois, ne perdez pas confiance car l’écrivain sait exactement où il vous mène et il s’en amuse beaucoup : malgré la complexité des intrigues, de réelles explications sont données à la fin. Habeas Corpus est une œuvre qui, malgré la richesse du style, est accessible et cohérente : c’est une science-fiction nettement plus agréable et moins fantaisiste que Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley.
Une science-fiction au service d’une réflexion sur des tabous ancestraux
Si Habeas Corpus se projette dans un futur oscillant entre l’utopie et la dystopie, il traite finalement de peurs et de tabous anciens, profondément ancrés dans les angoisses humaines. Comme toute science-fiction digne de ce nom, Habeas Corpus incite son lecteur à interroger sa propre civilisation et à comprendre le fonctionnement de l’Humanité. Toutes sortes de tabous, sexuels ou sociaux, se dévoilent dans les pages empoisonnées de la dystopie de Victor Boissel. Vous réfléchirez à l’importance de la beauté dans les sociétés qui ont constitué l’humanité et reviendrez à cette question qui nous hante depuis la nuit des temps : la beauté est-elle magie blanche ou magie noire ? Plus profonde encore, une réflexion sur la mort, la pulsion de mort et l’accès à la mort se développe en filigrane dans l’œuvre. Les tabous sexuels, l’effet des apparences, les désirs macabres sont autant de sujets épineux qui émergent des lignes mordantes d’Habeas Corpus.
Si vous aimez les science-fiction et les univers dystopiques, si vous avez adoré 1984 d’Orwell et que vous avez dévoré la série Black Mirror, vous saurez apprécier toute la subtilité d’Habeas Corpus. Si vous êtes amateur de polars aux intrigues complexes, vous devriez trouver une intrigue de qualité dans ce livre. Enfin, si vous aimez remettre en question le monde, notre rapport à l’autre et si vous vous inquiétez du culte de la beauté qui fonde notre société, vous trouverez de quoi réfléchir et argumenter parmi ces pages.
Si vous êtes une âme sensible et que vous avez besoin de douceur, d’optimisme et de beauté pure, éloignez-vous de ces lignes empoisonnées pour le moment. Si vous aimez les polars sombres qui se déroulent dans un contexte réel car vous aimez jouer au détective, vous pourriez être décontenancé par cet univers inédit.
Vous accompagnerez votre lecture d’un thé au jasmin en suçotant des bonbons à la violette ou à la rose, afin de vous plonger dans un univers floral envoûtant.
Titre et auteur | Habeas Corpus, Victor Boissel |
Thèmes abordés | Science-fiction, utopie, dystopie, beauté, tabou |
Édition | Les parias de Babylone |
Format et pages | 390 pages, grand format |
Âge | Apprécié à partir de 14 ans (si mature) |
Prix | 15,98€ |
Avertissement | Sexe, tabous |
Où l’acheter | Chez votre libraire préféré. |
Un exemplaire numérique de ce livre m’a été offert par l’auteur pour que je le découvre. Comme je n’avais pas de blog littéraire à ce moment-là, nous avons convenu que si l’œuvre me plaisait, je l’offrirai à quelqu’un. C’est chose faite. L’exemplaire papier qui figure en photo dans mon article a été acheté par mes soins. Je vous garantis que mon article n’est pas sponsorisé et que mon avis a été rédigé, comme toujours, en toute sincérité.
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3 échanges Livre rangé le 18 janvier 2017 dans les bibliothèques : Beauté, De 15 à 20 euros, Dès 14 ans, France, Grands formats, Laideur, Les parias de Babylone, Maladie, Science-fiction, Sociologie, Utopie et dystopie, Victor Boissel |
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3 échanges
J’ai adoré 1984 d’Orwell…
18 janvier 2017 - 17 h 44 min
Quelle magnifique chronique. En vous lisant, je me suis retrouvée plusieurs mois en arrière…et ils m’ont donné l’envie de me plonger de nouveau dans ce superbe roman…Merci.
Victoria
19 janvier 2017 - 15 h 40 min
Merci pour votre passage 🙂
19 janvier 2017 - 21 h 29 min
Votre parole est importante, merci de la partager avec nous