L’enfant qui ne pleurait pas est un roman américain de la pédopsychologue Torey Hayden ; il a été publié en 1980. Dans ce roman, vous ferez la connaissance d’une petite classe d’élèves atypiques, dont s’est occupée Torey Hayden pendant une partie de sa vie. Enfants souffrants de troubles divers, la petite classe a trouvé un équilibre fragile… jusqu’à ce que l’enseignante accueille une nouvelle élève de six ans à peine, rejetée de l’institution : la petite Sheila a enlevé un enfant de trois ans et tenté de le brûler vif.
Une petite classe extraordinaire
En ouvrant L’enfant qui ne pleurait pas de Torey Hayden, vous découvrirez le journal de bord d’une petite classe extraordinaire. Dans un langage simple, l’enseignante raconte comment se déroulent les journées dans une salle qui accueille les enfants que l’école traditionnelle ne parvient plus à accepter. Des petites bêtises aux énormes crises scandaleuses, vous suivrez le quotidien de ces enfants qui essaient de vivre ensemble dans le rejet. Chaque élève révèle une particularité, plus ou moins étrange, avec laquelle tous les autres — enfants comme adultes — doivent composer.
« Je demandai aux gamins de prêter attention aux gestes de gentillesse qu’ils observeraient chez les autres et de rédiger une note qu’ils mettraient dans la boîte, ou bien, s’ils ne savaient pas écrire, de venir me trouver pour que je la rédige pour eux. Ainsi prit naissance l’un des exercices les plus appréciés des enfants et les plus efficaces. Chaque soir, je lisais une trentaine de messages des gamins sur les gentillesses qu’ils avaient remarquées chez les autres. »
Vivre la différence
Le roman de Torey Hayden développe une réflexion fine sur la différence et l’acceptation de soi, des autres, des émotions que l’on peut ressentir. Le sujet pourrait sembler niais et l’auteure aurait pu faire un long discours moralisateur sur l’idée que nous devons accepter la différence quoi qu’il en coûte mais ce n’est pas le cas : consciente de la dangerosité de certains enfants inadaptés, consciente des difficultés que l’institution rencontre face à certaines déviances sociales, elle tente de trouver des pistes pour atténuer la souffrance de chacun.
« Tu n’es pas fou, Peter, dit William. Personne n’est vraiment fou. C’est rien qu’un mot. Pas vrai, Torey ? Rien qu’un mot. Et personne est juste un mot. »
L’enfant qui ne pleurait pas montre comment les enfants rejetés ont tendance eux aussi à rejeter les autres, les gens ordinaires tout comme les autres enfants qui sont différents. Il n’y a pas de dichotomie entre « les vilaines personnes normales qui rejettent » et « les enfants différents qui souffrent » : il y a divers portraits d’êtres humains qui peinent à s’accepter et à se comprendre eux-mêmes et qui ne peuvent donc pas comprendre et accepter tout le monde.
« Car si tous avaient un petit égo triste et réduit en miettes, aucun d’eux n’était fragile. Bien au contraire. Le fait qu’ils aient survécu assez longtemps pour être arrivés là où ils en étaient après les épreuves qu’ils avaient traversées, pour la plupart, était bien une preuve de force. »
Dans le cœur de l’enseignante
Si les personnages principaux semblent être les enfants atypiques, il est néanmoins intéressant de découvrir tout ce qui se cache dans le cœur de l’enseignante. Torey Hayden, comme la plupart de ses confrères, n’a strictement aucune solution à proposer et fonde sa pédagogie sur des expériences, sans jamais en connaître les résultats. Enseigner, et particulièrement lorsqu’il s’agit de le faire devant des enfants instables et souffrants, c’est prendre des risques, faire des paris, perdre, tomber et espérer se relever. Doutes, déchirements, erreurs, font partie du quotidien de notre narratrice qui a choisi d’enseigner sans tabou, sans retenue.
« J’ai souvent l’impression d’avoir enfin perdu mon innocence. Je me dis chaque fois, bon, je viens de voir ce qu’il y a de pire, la prochaine fois je n’aurai pas aussi mal. Et je découvre que j’ai toujours aussi mal. »
L’enfant qui ne pleurait pas de Torey Hayden expose un point de vue touchant mais lucide sur l’enseignement. Consciente de ses faiblesses, la professeure se demande sans cesse si ses actes sont motivés par la volonté de bien faire son métier ou par son indicible attachement aux élèves… Mais enseigner, ne serait-ce pas, au fond, un cruel mélange des deux ?
« La ruse constitue les trois quarts du travail d’un bon enseignant. »
Si vous aimez les romans beaux mais tristes et douloureux, préparez le plaid et les chocolats de réconfort… Si vous vous intéressez au domaine de l’enseignement, vous serez sans doute passionnés par cette histoire et cette petite classe atypique. Enfin, si vous avez le moindre intérêt pour la psychologie, notamment celle des enfants, vous devriez aimer quelques aspects de ce roman.
Si vous recherchez une analyse psychologique fouillée, le journal de bord précis d’une pédopsychiatre, vous ne trouverez peut-être pas ce que vous cherchez : il s’agit avant tout d’un roman, avec une histoire bien construite et de l’émotion. Si vous craignez les récits qui mettent en lumière la maltraitance sur les enfants (psychologique, sexuelle…), que c’est un sujet qui vous met mal à l’aise : laissez ce livre dans votre bibliothèque et attendez d’être prêts.
Pendant votre lecture, vous goûterez un thé vert au citron en faisant le plein de gourmandises chocolatées.
Titre et auteur | L’enfant qui ne pleurait pas, Torey Hayden |
Titre en VO | One child |
Thèmes abordés | enfants, troubles psychiatriques, maltraitance, enseignement |
Édition | J’ai Lu |
Format et pages | 250 pages, petit format, à lire dans les transports |
Âge | A partir de 14 ans |
Prix | 6,20€ |
Avertissement | maltraitance infantile, inceste, pédophilie |
Où l’acheter | Chez votre libraire préféré (voir s’il est disponible). |
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