Le libriosaure, votre conseiller lecture. Blog littéraire éclectique.

Les dépossédés de Robert McLiam Wilson


les-depossedes-couverture

Les dépossédés est un documentaire littéraire écrit en 1992 par Robert McLiam Wilson et illustré par le photographe Donovan Wylie. Dans ce reportage romancé, nous faisons la rencontre de personnages complexes et variés habitant dans les quartiers pauvres de l’Angleterre et de l’Irlande. Le livre nous conduit alors au cœur de la misère moderne.

L’avis du Libriosaure

Un récit autobiographique tourné vers l’autre

A bien des égards, Les dépossédés est une sorte d’autobiographie dans laquelle nous écoutons le « je » du journaliste Robert McLiam Wilson ainsi que le « je » du photographe — qui tient quelques rares chapitres. Cependant, cette autobiographie ne met pas au centre les émotions de ceux qui s’expriment mais permet bel et bien de réaliser les portraits sensibles des personnalités rencontrées lors de l’expérience d’investigation, tout en nous dévoilant parallèlement le ressenti de ceux qui découvrent la pauvreté. Le style du documentaire n’est ni trop romancé ni trop journalistique afin de nous combler d’un récit qui soit agréable mais qui soit également le plus authentique possible. Cet hybride entre documentaire et autobiographie réfléchit sur le rôle du journaliste et sur sa capacité à prendre de la distance par rapport aux faits qu’il découvre, aux êtres qu’il rencontre, aux personnes desquelles il doit se séparer malgré les liens qui se sont tissés par le témoignage.

les-depossedes-mcliam-wilson-pages

La peinture écœurante de la pauvreté

Les dépossédés n’a pas pour sotte vocation de nous apprendre que la pauvreté est une affliction ; il s’agit en réalité de découvrir les mécanismes de la pauvreté dans notre société moderne et capitaliste. Le journaliste découvre comment le nécessiteux, qui souvent travaille dur pour un salaire ridicule, livre un combat sans fin dans des administrations inhumaines pour obtenir des aides… si seulement il est conscient des droits qu’il possède et des aides qu’il peut obtenir. Nous suivons les angoisses, les pertes et les cercles vicieux qui font de l’état de pauvreté un état dramatique, sans que nous soit peint un tableau sordide destiné à attiser outrageusement la pitié des riches lecteurs. Nous entrons ainsi avec Robert McLiam Wilson dans des foyers rudimentaires mais extrêmement propres dans lesquels figure, parmi les rares possessions, une télévision : seule fenêtre ouverte sur le monde, nettement moins onéreuse que les sorties culturelles…

les-depossedes-mcliam-wilson-photographies-donovan-wylie

Réflexion sur l’état de pauvreté dans le monde moderne

Le principal atout du livre Les dépossédés, c’est qu’il incite à réfléchir sur notre rapport à la pauvreté et sur ce qu’est devenue la misère dans une société moderne, consommatrice à outrance. Le roman nous met face à l’idée que nous nions désormais l’existence de la pauvreté, nous cramponnant bêtement à l’idée que si nous ne mourons pas de faim, nous ne sommes pas pauvres. Or, le documentaire dénonce parfaitement l’injonction faite aux pauvres de devoir vivre comme des ascètes tandis qu’une grande part de la société vit dans le confort voire le luxe. Le reportage nous explique clairement pourquoi il est insensé de blâmer les nécessiteux qui décident de faire des enfants — ce que je vous laisse le soin de découvrir. Enfin, le journaliste réserve une belle analyse concernant le rôle essentiel de la femme dans les couples de pauvres, nous montrant à quel point ces femmes portent le poids de la lucidité sur leurs épaules tandis que les hommes ont tendance à moins se soucier de la réalité des choses « Les hommes mariés ou qui vivent en couple […] ont la chance de voir les pires poignards de la pauvreté émoussés par l’énergie et la détermination des femmes qui vivent auprès d’eux ».

les-depossedes-mcliam-wilson-tranche

A qui le conseiller

Si vous vous revendiquez égalitariste, que vous vous intéressez de près à la lutte des classes, vous devriez lire absolument ce documentaire moderne et lucide sur les classes sociales les plus démunies. Toutefois, qui que vous soyez, si vous êtes prêt à voir le monde dans sa réalité, il me semble important que vous lisiez ce roman qui est plus que jamais d’actualité.

A qui le déconseiller

Si vous désirez vous évader, oublier les soucis du quotidien, vous n’êtes peut-être pas prêt pour cette lecture, qui peut s’avérer déprimante.

Pendant la lecture

Durant cette lecture, vous choisirez un thé noir façon « English Breakfast » en petits sachets, accompagné de biscuits sablés écossais tels que les fameux shortbreads.

Informations sur le livre

Titre et auteur Les dépossédés, Robert McLiam Wilson
Thèmes abordés Pauvreté, sociologie, documentaire
Édition Points
Format et pages 338 pages, petit format, à emporter dans les transports
Âge Apprécié à partir de 14 ans
Prix 7,50€
Avertissement Violence, sexe, misère
Où l’acheter Chez votre libraire préféré.
FacebookTwitterPinterestTumblrBlogger Post




4 échanges



Il a l’air vraiment intéressant , mais je vais attendre un peu !

Les hommes mariés ou qui vivent en couple […] ont la chance de voir les pires poignards de la pauvreté émoussés par l’énergie et la détermination des femmes qui vivent auprès d’eux ».
ça me parle un peu trop !

cinefoli
20 avril 2017 - 5 h 50 min



Oui, je te conseille d’attendre aussi 😉

Libriosaure
20 avril 2017 - 13 h 46 min



J’avoue que je ne sais plus trop si je l’ai lu, celui-ci… En tout cas, j’aime beaucoup cet auteur dont je te recommande « Eureka Street » et « La douleur de Manfred ».

lewerentz
23 avril 2017 - 11 h 36 min



Pour moi, c’était une véritable découverte !

Libriosaure
26 avril 2017 - 21 h 11 min



Votre parole est importante, merci de la partager avec nous




Ce site est hébergé par Archphénix et a été créé sous wordpress par le libriosaure. Le design a été conçu avec les polices d'écriture Library et Cocinitas de Wood Cutter ainsi que Social Circle de Christopher Jackson. Tous les articles présents sur ce site ont été écrits par le libriosaure et ne peuvent être utilisés, entièrement ou partiellement, sans autorisation de l'auteur.