Certaines n’avaient jamais vu la mer est un court roman écrit en 2011 par l’auteure Julie Otsuka, une américaine d’origine japonaise. Dans ce livre qui se déroule au début du XXème siècle, vous traverserez l’océan auprès de jeunes japonaises pour atteindre les Etats-Unis, où ces dernières vont rencontrer leur mari pour la première fois, quittant leur foyer et leur culture. Très vite, après avoir imaginé de romantiques scènes, les japonaises découvriront le véritable spectacle que leur concocte le sol américain.
Poésie et légèreté
Certaines n’avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka est un court récit poétique qui nous emmène sur les embarcations et dans les cœurs de japonaises encore naïves, parties rencontrer un mari qui les attend aux Etats-Unis : chacune s’imagine le prince charmant, en serrant la photo de l’élu contre leur poitrine et cela avec tant de conviction, que vous serez tenté d’y croire aussi, espérant une rencontre douce et lumineuse… Ainsi, vous voguerez auprès d’elles en portant sur vos épaules le lourd fardeau de l’espoir. Le style de ce livre est particulier puisque l’auteur met en valeur la diversité des destins en employant régulièrement la formule « Certaines avaient… Certaines n’avaient pas… ». Ces répétitions accentuent la poéticité du texte et vous donnera parfois le sentiment de lire un conte triste.
De la rêverie aux désillusions
Si Certaines n’avaient jamais vu la mer semble être dans le premier chapitre un peu niais, d’une douceur réconfortante, la violence des vagues vous giflera la figure en peu de temps. Le récit, réaliste sur la façon dont on traite les femmes lors des mariages arrangés, ne vous épargnera aucune vérité. Certes, chacune suit son destin, mais de nombreux sorts se ressemblent dans le monde impitoyable des femmes. Ainsi, Julie Otsuka propose à travers une plume délicate et poétique une histoire violente et parfois insoutenable, dans laquelle émergent toutes sortes de tabous… Vous découvrirez la vie de ces femmes immigrées qui survivent dans la force et la résignation.
Les contes fragiles de l’Histoire
Certaines n’avaient jamais vu la mer est un livre intéressant car il interroge sur le mélange des cultures, la capacité à s’adapter et le devoir de renier — ou non — ses traditions pour mieux s’intégrer. Mais le roman de Julie Otsuka est aussi très beau notamment car les petites histoires que l’on découvre au fil des chapitres font partie de ces « contes fragiles de l’Histoire », relatant des événements que l’on méconnaît ou que l’on pense connaître vaguement. La question de l’immigration japonaise aux Etats-Unis au début du XXème siècle est rarement un sujet dont on est expert… Le récit de ces japonais exploités sur les terres agricoles américaines ou dans les maisons de riches nous rappelle la souffrance endurée par un peuple souvent silencieux.
Si vous vous intéressez aux conflits entre l’Amérique et le Japon, vous pourriez être intéressé par ce livre bien que le conflit ne soit pas le centre même de l’œuvre. Si vous aimez les récits de femmes, qui axent leur réflexion sur leurs conditions de vie, vous devriez apprécier cette lecture. Enfin, si vous avez envie d’un roman court mais efficace, vous trouverez votre bonheur dans ces pages poétiques mais intenses et crues, à l’image de La tombe des lucioles d’Akiyuki Nosaka.
Si vous avez horreur des styles d’écriture un peu atypiques voire répétitifs, vous pourriez être déroutés par cette lecture. Si vous recherchez un témoignage historique sur l’immigration japonaise aux USA, peut-être devriez-vous vous tourner vers un autre récit, moins poétique et plus centré sur les faits. Enfin, si vous désirez lire un roman dont la structure narrative est très classique, vous pourriez être déçus par cette œuvre car elle mélange divers destins sans tracer d’histoire nette.
Vous dégusterez pendant votre lecture un thé vert sencha en dévorant des fruits rouges, baies de cassis, cerises ou fraises…
Titre et auteur | Certaines n’avaient jamais vu la mer, Julie Otsuka |
Titre en VO | The Buddha in the Attic, Julie Otsuka |
Thèmes abordés | relations japon-amérique, mariages arrangés, esclavage |
Édition | 10/18 |
Format et pages | 144 pages, petit format, à lire rapidement dans les transports |
Âge | A partir de 14 ans |
Prix | 6,60€ |
Avertissement | viols, violences, guerre, infanticide |
Où l’acheter | Chez votre libraire préféré. |
Envie de voyager sur le sol japonais ? Découvrez une lecture douce et positive : Les années douces d’Hiromi Kawakami.
Sur la condition des femmes indiennes, lisez et relisez ce coup de cœur : La colère des aubergines de Bulbul Sharma.
![]() |
5 échanges Livre rangé le 28 juin 2017 dans les bibliothèques : 10/18 édition, Amérique, De 5 à 10 euros, Dès 14 ans, Esclavage, Guerre, Japon, Julie Otsuka, Pauvreté, Petits formats, Sociologie, Traditions |
Ce site est hébergé par Archphénix et a été créé sous wordpress par le libriosaure. Le design a été conçu avec les polices d'écriture Library et Cocinitas de Wood Cutter ainsi que Social Circle de Christopher Jackson. Tous les articles présents sur ce site ont été écrits par le libriosaure et ne peuvent être utilisés, entièrement ou partiellement, sans autorisation de l'auteur.
5 échanges
j’avais vraiment beaucoup aimé et tu en parles parfaitement bien !
1 juillet 2017 - 19 h 04 min
Oh merci ! Me voilà rassurée !
2 juillet 2017 - 22 h 11 min
Je ne pense pas que ce livre soit fait pour moi, mais j’ai adoré lire ta chronique ! 🙂
4 août 2017 - 11 h 35 min
Oh, c’est chou 🙂
7 août 2017 - 17 h 57 min
J’avais beaucoup aimé ce roman mais j’avais préféré « Ru », que j’avais trouvé plus « authentique ». Tu en parles si bien…
Bisous
11 août 2017 - 17 h 28 min
Votre parole est importante, merci de la partager avec nous