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Les cerfs-volants de Kaboul de Khaled Hosseini


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Les cerfs-volants de Kaboul est le premier roman de Khaled Hosseini, un auteur américain d’origine afghane. Publié en 2003, ce livre vous plonge dans l’Afghanistan des années 1970 et vous raconte l’histoire bouleversante de deux garçons : Amir et son domestique et ami, Hassan. Très vite, vous comprendrez que, bien des années plus tard, après avoir émigré aux Etats-Unis et changé de vie, la culpabilité ronge encore Amir.

L’avis du Libriosaure

Dans les abîmes de l’enfance

Si vous ouvrez les pages des Cerfs-volants de Kaboul, vous entrerez dans cet univers impitoyable qu’est l’Enfance, cet âge lointain qui semble être un pays imaginaire dans lequel scintillent les bonheurs les plus simples et les drames les plus intenses, ceux qui vous blessent et vous construisent à jamais. Le narrateur joue sur des analepses, vous emmène tantôt dans l’Afghanistan des années 1970, tantôt dans l’Amérique des années 2000, mais cela est fait d’une manière fluide, claire, sans jamais décontenancer le lecteur. La première partie du roman se consacre néanmoins à une lente remontée de souvenirs familiaux, vous incitant à réfléchir sur la famille et l’enfance.

« Les enfants ne sont pas des livres de coloriage. Tu ne peux pas les peindre avec tes couleurs préférées. »

« Si les enfants sont nombreux en Afghanistan, l’enfance, elle, y est quasi inexistante. »

L’amitié entre Amir et Hassan, pourtant issus de conditions sociales différentes, est douce et amère à la fois car les amours d’enfance semblent toujours épicés par cette cruauté humaine que l’on n’a pas encore totalement refoulée. Ainsi, leur relation aurait pu sentir les roses fraîches et resplendir de niaiserie : il n’en est rien, puisque Khaled Hosseini n’oublie pas de dépeindre les laideurs secrètes de l’humain.

« Au final, je restais un Pachtoune et lui un Hazara. J’étais sunnite et lui chiite. Personne n’y pouvait rien changer. Personne. Nous n’en étions pas moins des garçons qui avaient appris à marcher ensemble, et cela, l’histoire, les ethnies, la société et la religion n’y changeraient rien non plus. »

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Cerfs-volants et tragédies

Les cerfs-volants de Kaboul met en lumière ce fil invisible qui nous retient tous prisonniers de l’enfance et de ses traumatismes. Le narrateur vous montre une série de tableaux exposant des souvenirs tendres et cruels : l’enfance des cerfs-volants, des sucreries et des promenades au soleil confrontée à celle des chagrins, des hontes et des souffrances familiales.

« La scène date d’il y a longtemps mais, je le sais maintenant, c’est une erreur d’affirmer que l’on peut enterrer le passé : il s’accroche tant et si bien qu’il remonte toujours à la surface. Quand je regarde en arrière, je me rends compte que je n’ai cessé de fixer cette ruelle déserte depuis vingt-six ans. »

L’œuvre montre bien que nous pouvons fuir au bout du monde, le souvenir nous poursuit et nous enchaîne à notre terre d’origine. La relation étrange qui unit Amir et son père m’a rappelé les papillons glacés d’Arundhati Roy dans Le Dieu des petits riens : à chaque déception face à ce père si exigeant et si honorable à la fois, j’imaginais bien le petit papillon glacé poser ses pattes sur le cœur d’Amir.

« Pour moi, les Etats-Unis représentaient un pays où enterrer mes souvenirs. »

Finalement, lorsque vous lisez Les cerfs-volants de Kaboul, vous comprenez assez rapidement quelle tragédie se met en place, sans jamais pouvoir l’arrêter. La tension est permanente bien qu’il n’y ait aucun suspense et très peu de surprises pour le lecteur aguerri. Certes, l’intrigue peut sembler cousue de fil blanc mais la psychologie des personnages, les réflexions sur l’existence, en font une œuvre assez fascinante malgré tout.

« La vie ne vous accorde un bonheur aussi intense que lorsqu’elle s’apprête à vous retirer quelque chose. »

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Être ou ne pas être… un héros

« Peu importe ce que prétend le mollah, il n’existe qu’un seul et unique péché : le vol. Tous les autres en sont une variation. […] Lorsqu’on tue un homme, on vole une vie. On vole le droit de sa femme à un mari, on prive ses enfants de leur père. Lorsqu’on raconte un mensonge, on dépossède quelqu’un de son droit à la vérité. Lorsqu’on triche, on dérobe le droit d’un autre à l’équité. »

Les cerfs-volants de Kaboul montre l’Afghanistan métamorphosé par la guerre et l’extrémisme religieux, avec quelques scènes d’une tristesse et d’une intensité profondes, mais cela n’est pas le sujet principal de l’œuvre. En réalité, la sordide histoire d’Amir et Hassan aurait pu se produire ailleurs, sous une toute autre forme et c’est pourquoi elle revêt un caractère universel.

Le roman interroge finalement sur la difficulté d’être un héros, de ne pas l’avoir été, de le devenir. Notre protagoniste doit vivre avec l’humiliation de n’avoir été ni un gentil, ni un méchant, mais un simple spectateur ; comme s’il n’existait pas dans sa propre histoire.

« Il existait bien un monstre, qui l’avait saisi par les chevilles pour l’entraîner vers les noires profondeurs du lac. Moi. »

De ce fait, les thèmes de la culpabilité, de la honte et de la rédemption émergent des pages du roman comme dans un Crime et châtiment. Le malaise suinte parmi les pages les plus douces tant l’horreur est grande dans le silence des secrets. Cependant, Khaled Hosseini parvient toujours à laisser briller quelques paillettes d’espoir, ici et là, sans jamais faire de promesses…

« Je me demandai si c’était ainsi que naissait le pardon – non en fanfare à l’occasion d’une épiphanie, mais à partir du moment où la douleur rassemblait ses affaires et pliait discrètement bagage au milieu de la nuit. »

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A qui le conseiller

Si vous avez aimé Mille soleils splendides, vous saurez apprécier de nouveau la plume de Khaled Hosseini. Si vous appréciez les récits d’enfance et la force amère qui s’en dégage le plus souvent, vous devriez aimer ce roman. Enfin, si vous cherchez un récit bouleversant mais pas misérable, qui vous incite à réfléchir sur l’existence, vous devriez trouver votre bonheur dans ces pages.

A qui le déconseiller

Si vous recherchez une analyse historique sur le déclin de l’Afghanistan après les années 1970, vous devriez vous tourner vers une autre littérature car ce n’est pas le sujet principal ici. Si vous avez besoin d’un livre réconfortant et lumineux, il n’y a que peu d’éléments qui pourront vous satisfaire car, si l’œuvre est belle, elle n’en reste pas moins assez triste.

Pendant la lecture

Pendant votre lecture, vous dégusterez un thé à la fleur d’oranger, en grignotant des sablés à la cannelle.

Informations sur le livre

Titre et auteur Les cerfs-volants de Kaboul, Khaled Hosseini
Titre en VO The Kite Runner
Thèmes abordés enfance, souvenir, afghanistan, culpabilité
Édition 10/18
Format et pages 416 pages, petit format, à lire dans les transports
Âge A partir de 14 ans
Prix 8,80€
Avertissement maltraitance, violences sexuelles
Où l’acheter Chez  votre libraire préféré (voir s’il est disponible).

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Un échange



Excellent roman, ça me donne envie de le relire, tiens.

Nicolas
21 septembre 2018 - 16 h 40 min



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