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Le bouddha blanc d’Hitonari Tsuji


Le bouddha blanc est un roman japonais publié en 1997 et écrit par Hitonari Tsuji, qui est une véritable personnalité au Japon car il est à la fois poète, écrivain, réalisateur, compositeur et chanteur. Ce roman, inspiré de la biographie du grand-père d’Hitonari Tsuji, narre les différentes étapes de la vie de Minoru Eguchi, un armurier qui vit sur l’île d’Ono.

L’avis du Libriosaure

Ile, rivière et roseaux

Ouvrir Le bouddha blanc, c’est d’abord découvrir l’île d’Ono et ses paysages typiquement japonais, ses vallées de rizière et surtout, le fleuve Chikugo-Gawa, immense et mystérieux, qu’il fallait oser traverser malgré les accidents fréquents. Le roman d’Hitonari Tsuji nous mène dans un Japon ancien, en pleine mutation, notamment à cause des guerres mondiales en cours qui, même à l’autre bout du monde, ont un impact sur cette humble île.

« Le vent du Sud soufflait doucement au-dessus de l’île d’Ono, surnommée « Chikushi-jîro », tout au bout de la plaine de Chikushi, sur la Chikugo-gawa, et faisait onduler de loin le tapis de riz verdoyant qui la recouvrait ; l’île elle-même semblait ondoyer de sa propre volonté, telle une créature vivante ».

Les premières fois

Le bouddha blanc, bien qu’il soit principalement une fiction, est un roman des premières fois, comme le sont de nombreux romans biographiques et autobiographiques. Vous découvrirez ainsi l’enfance de Minoru, ses premiers émois, son premier amour, ses premières hontes mais aussi ses premiers deuils, ses premières résiliences. Tout ceci vous sera raconté dans un style délicat, non pas dépouillé, mais juste et sans fioritures ; certains parmi vous regretterez le manque de détails et il est vrai que pour un livre qui évoque toute une vie, il peut sembler un peu court.

Mais quelle douceur ce parcours, celui du petit garçon Minoru qui regarde son père fabriquer des sabres dans son atelier, puis des fusils, à la demande de l’armée. Quel crève-cœur pour les lecteurs et lectrices, quand ce petit garçon, devenu grand, se retrouve à utiliser ces fusils dans le froid sibérien, au nom de la patrie.

« Un flocon de neige tomba en tourbillonnant sur le fusil 1906. Pétrifié, il regarda ce paisible flocon achever sa chute. Ainsi posé sur le canon de cette arme meurtrière, ce duvet blanc ressemblait à un fragile insecte des régions septentrionales. Il rapprocha le fusil et concentra sn regard sur les cristaux qu’il distinguait clairement. Son extrême tension anesthésiait ses sensations. Il trouva ces cristaux indiciblement beaux, d’une beauté improductive qui lui procura un apaisement passager au milieu de ce duel à mort. »

Métempsychose et spiritualité

Enfin, entrer dans l’univers du Bouddha blanc d’Hitonari Tsuji, c’est aller à la rencontre de ce lumineux bouddha blanc qui apparaît, en demi-songe, à notre protagoniste, à chaque étape importante de sa vie. C’est aussi voguer dans une œuvre qui mélange à la fois le terre-à-terre, avec douceur et humour parfois, et le spirituel : si certains passages peuvent sembler crus, d’autres sont d’une grande subtilité, d’une grande beauté. Le roman propose une réflexion sensible sur la mort, le deuil, la réincarnation, le sens de la vie… La métempsychose n’est pas le cœur du roman mais elle en fait partie, sans pour autant qu’il s’en dégage une aura mystique.  

« L’espace d’un instant, il put dévider le fil du passé. Mais que pouvait bien signifier le mot « passé » ? Un vertige l’envahit, chassant son désespoir. Les silhouettes étaient nimbées d’une lumière qui, finalement, les absorba toutes et enveloppa complètement Minoru. Il s’éveilla, rejeté sur les rives de la réalité. »

A qui le conseiller

Si vous aimez les autobiographies et les biographies, même si Le Bouddha blanc n’en est pas une, vous saurez apprécier le peu d’intrigue réelle qui s’y déroule. Si vous appréciez les romans qui posent une réflexion sur les banalités de l’existence, qui sont davantage philosophiques que trépidants, vous devriez essayer de lire ce roman. Enfin, si vous recherchez un roman japonais pour étoffer votre culture, je vous le recommande car Le bouddha blanc développe de nombreuses caractéristiques de la littérature japonaise.

A qui le déconseiller

Si vous avez besoin d’actions et de suspense, ce n’est pas le roman qu’il vous faut car celui-ci peut sembler parfois simplement contemplatif. De la même manière, si vous pensez que ce roman est simplement fondé sur la douceur et qu’il sera un bon choix pour vous remonter le moral, vous faîtes fausse route : Le bouddha blanc évoque de nombreux thèmes morbides, tristes, effrayants…

Pendant la lecture

Pendant la lecture, vous apprécierez un thé vert fleuri, avec des douceurs sucrées simples comme des crêpes ou des gaufres.

Informations sur le livre

Titre et auteur Le bouddha blanc, Hitonari Tsuji
En VO 白仏
Thèmes abordés enfance, famille, réincarnation, spiritualité
Édition Folio
Format et pages 288 pages, petit format, à lire dans les transports
Âge Apprécié à partir de 16 ans
Prix 9,70€
Avertissement sexualité, violence, mort infantile, crémation
Où l’acheter Chez Gallimard en cliquant ici.

Suggestions de lecture

Du même auteur, veuillez découvrir un roman qui m’a profondément marquée, à savoir L’arbre du voyageur, qui raconte l’histoire d’un homme à la recherche de son frère disparu.

Dans une atmosphère parfois semblable au Bouddha blanc, intéressez-vous donc à Sortie parc, garde d’Ueno dans lequel vous suivrez les mouvements, pensées et regrets d’un SDF japonais…

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