Le restaurant de l’amour retrouvé est un roman doux et magique écrit en 2008 par l’auteure japonaise Ogawa Ito. Dans ce livre, nous faisons la connaissance de Rinco, une jeune cuisinière devenue muette après un chagrin d’amour, qui décide de revenir sur sa terre natale et d’y ouvrir son propre restaurant, « L’escargot », petit, humble et intime.
Une ode à la cuisine et à la multiplicité des saveurs
Le restaurant de l’amour retrouvé d’Ogawa Ito nous invite à découvrir les multiples saveurs servies dans un petit restaurant appelé l’Escargot. Les descriptions des plats sont alléchantes tandis que le récit des nombreuses préparations est aussi fascinant qu’apaisant : chez l’Escargot, on agit doucement, tendrement, avec amour et sérénité pour offrir à la dégustation des mets qui métamorphosent notre perception du monde. Les recettes, les aliments, les légumes et les herbes qui poussent dans le potager viennent chatouiller les narines du lecteur. Plus magique encore, ce n’est pas la cuisine traditionnelle japonaise qui est encensée mais bien toutes les cuisines du monde qui sont mises à l’honneur. L’Inde, le Viêtnam, l’Italie, la France embaument les pages du livre. Il ne s’agit pas non plus de célébrer uniquement la gastronomie apprêtée des grands chefs mais toutes les préparations culinaires qui nous accompagnent dans notre vie : les menus pour enfant, les dîners en amoureux, les plats guérisseurs… Le lecteur observe avec douceur les fines mains de Rinco qui concoctent des repas savoureux ainsi que les visages concentrés de la clientèle qui, en ouvrant la bouche, ouvre une porte vers un autre monde, celui de l’amour retrouvé.
Une rencontre touchante avec soi-même
Cependant, il ne faudrait pas croire que Le restaurant de l’amour retrouvé n’est qu’un roman sur la cuisine et le plaisir de manger car c’est bien plus que cela. L’intrigue nous permet de réfléchir sur notre capacité à vivre et à nous reconstruire après un chagrin d’amour ou un bouleversement dans notre vie. Si notre héroïne est traumatisée par l’abandon qu’elle a subi et que cela se manifeste à travers un mutisme soudain et inébranlable, elle n’en demeure pas moins une femme forte qui ne s’enfonce pas dans la léthargie et agit pour se sentir mieux. En revenant auprès de sa mère, une femme excentrique qui élève et cajole une truie nommée Hermès, Rinco se trouve une fois de plus face à tout ce qu’elle ne voulait pas devenir ; mais petit à petit, en redécouvrant ses racines, en apprenant qui est vraiment cette mère qu’elle jugeait détestable, la jeune femme parvient à se reconstruire et à reconstruire cette relation essentielle qui lie une mère et sa fille. Ainsi, Le restaurant de l’amour retrouvé est une œuvre fondée sur l’introspection, sans être oppressante ou ennuyeuse puisque ce sont les actes des personnages qui les font évoluer et non un long monologue intérieur.
Un tour de magie ou une philosophie du bonheur ?
Le restaurant de l’amour retrouvé revêt également un caractère fantastique puisque la réputation de « L’Escargot », le petit restaurant sans prétention de Rinco, s’établit sur le fait que la cuisine y aurait des vertus magiques. En effet, les plats de notre héroïne seraient capables de rapprocher les cœurs ou de soulager les peines. Si les habitants du petit village y voient de la sorcellerie, le lecteur y voit plutôt une véritable philosophie du bonheur. Rinco ne reçoit dans son restaurant qu’une seule tablée, qu’elle chouchoute allègrement mais pudiquement — à la japonaise — et dont elle connaît les exigences et les malheurs. Concentrée sur cette toute petite clientèle dont elle prend soin, la cuisinière comprend avec douceur et empathie, ce dont ont besoin les personnages. Au lieu de se focaliser sur ses propres peines, Rinco s’évertue à faire venir le bonheur d’autrui, par des petits gestes, des petites choses, des petits riens : et c’est ainsi que la magie opère. Dans Le restaurant de l’amour retrouvé, ce sont les actes insignifiants, les parfums discrets, les pas feutrés, les attentions pudiques qui provoquent la chance et invoquent le bonheur. Le livre est d’une beauté triste et réconfortante.
Si vous aimez le Japon, vous apprécierez cette beauté douce et naturelle qui émane du récit. Si vous aimez la cuisine, la nature, les parfums des épices et le riz gluant, ces pages vous donneront le tournis. Enfin, si vous rencontrez quelque peine en ce moment, peut-être ce livre tendre et poignant vous ouvrira-t-il une porte.
Si vous êtes extrêmement sensible à la souffrance animale, il y a des pages du livre qui pourraient vous choquer puisque Rinco est amenée à visiter un abattoir et que les descriptions sont insoutenables (prévoyez au moins de sauter quelques pages si vous ne voulez pas passer à côté de ce très beau livre). Si vous recherchez un récit dans lequel le fantastique et la magie sont rois, vous pourriez être déçu car ce n’est qu’un tout petit aspect du roman.
Durant cette lecture, vous apprécierez un authentique thé vert matcha du Japon, avec de fins biscuits en bâtonnets, croquants, recouverts de chocolat et d’amandes grillées (les fameux Pocky japonais).
Titre et auteur | Le restaurant de l’amour retrouvé, Ogawa Ito |
Thèmes abordés | Japon, cuisine, introspection |
Édition | Picquier |
Format et pages | 224 pages, petit format, à emporter dans le métro |
Âge | Apprécié à partir de 14 ans |
Prix | 8€ |
Avertissement | Souffrance animale |
Où l’acheter | Chez votre libraire préféré. (voir s’il est disponible) |
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4 échanges Livre rangé le 31 août 2016 dans les bibliothèques : Cuisine, De 5 à 10 euros, Dès 14 ans, Famille, Introspection, Japon, Ogawa Ito, Petits formats, Picquier |
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4 échanges
Oh! Je ne savais pas que tu tenais un blog 😮 Ce livre a l’air très intéressant et agréable à lire. J’aime beaucoup la littérature asiatique pour cette douceur apaisante qui parvient à soulever des introspections profondes tout en subtilité (j’adore l’auteure coréenne Shin Kyung Sook pour ça).
Bref, j’aime beaucoup la forme de ton article avec les recommandations à la fin, grâce à toi j’ai envie de thé vert :p. Et tes photos sont juste magnifiques !
3 septembre 2016 - 11 h 28 min
C’est gentiiil ! Vraiment n’hésite pas à te lancer, je pense que ce livre te plairait, il est tout doux comme toi ! Merci au passage pour le nom de l’auteure coréenne, faut que je me le note.
(Je suis droguée au thé vert, à tel point que je carbure au matcha glacé avec des feuilles de menthe pour aller travailler en ce moment…)
3 septembre 2016 - 19 h 37 min
Tiens, justement, il est ici, avec à nouveau une très très belle critique. Je crois que j’ai préféré « Le Ruban », même si j’ai adoré celui-ci. J’ai eu du mal avec la scène du cochon qui se fait égorger, quelle horreur! Les descriptions sont « insoutenables » comme vous dites…
À bientôt, je reviendrai sur ce beau blog
14 novembre 2016 - 23 h 51 min
Je dois avouer que j’ai préféré « Le restaurant de l’amour retrouvé » notamment à cause de ce genre de détails insoutenables. J’ai ressenti tellement d’émotions différentes en le lisant que c’est une lecture qui marque.
Merci pour tes gentilles remarques 🙂
16 novembre 2016 - 19 h 22 min
Votre parole est importante, merci de la partager avec nous